Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

Escrime aux JO 2024 : en épée par équipe, les Français s’effondrent à quelques secondes du bronze

C’est ce qui fait tout le sel des épreuves d’épée par équipes, qui frisent parfois l’ennui lors des premiers relais. Tout y est affaire de gestion, de tactique, de patience : « Toucher sans être touché » est le mantra des épéistes du monde entier.
Puis vient un moment où un adversaire prend le dessus, où les secondes s’égrènent, où il ne reste plus au dominé, s’il veut renverser la situation, qu’à passer à l’attaque, à accélérer son jeu, à mettre un grain de folie dans un assaut jusqu’alors ronronnant. C’est ce qui s’est produit dans les quatre-vingt-dix dernières secondes du match pour la médaille de bronze qui opposait l’équipe de France à la République tchèque, vendredi 2 août, au Grand Palais.
Yannick Borel, quatre Jeux olympiques au compteur, une médaille d’argent remportée lors de l’épreuve individuelle, cinq jours plus tôt, et un titre par équipes remontant à 2016, aux Jeux de Rio, menait de trois touches dans une rencontre semblant promise à la France, première nation au classement mondial. Puis tout a basculé. Son adversaire, un beau gaillard du nom de Jakub Jurka, 51e dans la hiérarchie internationale, a marqué une touche, puis deux, puis…
En quarante secondes, comme dans une répétition cauchemardesque, Yannick Borel a encaissé sept touches. Il a eu beau réagir, parvenir à sortir de cette spirale négative, revenir à une touche du Tchèque. Il était trop tard : les outsiders privaient les favoris d’une médaille olympique (43-41). Hébété, la tête basse, Yannick Borel quittait la piste.
« Je me sens extrêmement mal, confessait-il quelques minutes plus tard, abattu mais digne. En tant que finisseur, je dois finir, quelle que soit la manière. Et là, j’ai eu un trou et je n’ai pas réussi à sortir de ce trou. Je n’arrive pas à l’expliquer. Je ne dois pas me retrouver dans cette situation. »
A quelques pas de là, Paul Allègre, remplaçant valeureux entré en cours de journée à la place d’un Romain Cannone – champion olympique en 2021 à Tokyo – transparent, essayait de prendre sa part du fardeau : « Le dernier relais, c’est l’addition des relais précédents. Et puis tu te retrouves devant un tireur touché par la grâce, avec un peu de réussite, et ça te retourne la tête. »
Et si ce dernier relais était un peu plus que cela ? En l’occurrence, le reflet d’une saison chaotique, d’une année de fâcheries et de psychodrames, de multiples erreurs de communication et de gestion. Pendant un an, l’équipe de France d’épée a livré un spectacle pitoyable dont la Fédération française d’escrime a semblé la spectatrice impuissante : départ des trois meilleurs épéistes français de l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), censé être le cocon de l’élite française, démission de l’entraîneur national Hugues Obry, recours d’Alexandre Bardenet, soutenu par Yannick Borel et Romain Cannone, contre sa non-sélection pour les Jeux, et on en passe.
Il vous reste 37.12% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

en_USEnglish